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LE CHEMIN DE
FER.
Le toutes les merveilles de ce siècle, les chemins de fer sont, sans contredit, une de celles qui occupent le premier
rang.-L'invention en est due à M. Beaumont, extracteur de charbon de terre à Newcastle (Amérique), et ce fut l'Angle-
terre qui, la première, en fit l'application. Les chariots roulaient d'abord sur des rails ou rainures de bois, puis on les
recouvrit de plaques de fer, et en 1767 on se servit de la fonte pour la construction des rails. Le transport se lit primiti
vement au moyen de chevaux: mais en 1810, l'usage des machines locomotives à vapeur fut adopté. (La planche ci-dessus
en donne le modèle).
Les voitures qui servent à transporter les voyageurs et les marchandises, s'appellent wagons. Celles pour voyageurs sont
communément de deux sortes: les wagons garnis, qui forment les premières places, et les wagons non garnis, les secondes.
Un wagon contient facilement quinze personnes, et une chaudière fait ordinairement le service de vingt-cinq à trente
wagons, c'est-à-dire pour quatre à cinq cents personnes. Sur un chemin de fer, un seul cheval tralne 145 quintaux,
charge que peuvent à peine trainer huit chevaux sur une route ordinaire. Le cheval fait en outre une lieue un tiers-à
l'heure, tandis que huit chevaux feraient tout au plus, sur un bon chemin ordinaire, trois-quarts de lieue. Le départ
peut se renouveler une demi-heure après l'arrivée des mêmes wagons.
Les chemins de fer doivent être plats ou d'une pente peu sensible; aussi on voit souvent des montagnes percées, et on
a à passer quelquefois dans de longs souterrains.
La vitesse n'est pas ce qui surprend le moins dans les chemins de fer. On fait ordinairement huit à dix lieues à l'heure,
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comptée dans cette nouvelle voie de communication. On ne pale guère communément, pour un trajet de cinq lieues que
et dernièrement en Angleterre, on a vu parcourir un espace de vingt-cinq lieues en une heure. L'économie peut aussi être
1 fr. dans les wagons non garnis, et 1 fr. 50 c. dans les wagons garnis
Un chemin de fer sert à économiser le travail, à réduire le prix des objets qui viennent de loin, à donner plus de valeur
à ceux du pays, à multiplier les échanges et à accélérer la production dans toutes les branches de l'industrie. Ses avan-
tages sont si bien appréciés, que de toutes parts on en construit. La Russie, ce pays si arriéré, aura bientôt deux chemins
de fer. La Belgique a une ligne très suivie avec trois embranchemens. En Amérique, les chins de ter se comptent par
centaines, et l'Angleterre a 113 lieues de parcours au moyen de cette nouvelle voie.
La France, en ces derniers temps, ne comptait que six chemins de fer: ceux de Saint-Etienne à Lyon, d'Alais à Nimes,
d'Epinac au canal de Bourgogne, de Montpellier à Cette, de Saint-Etienne à Andrezieux, et de Roanne à Andrezieux, for-
mant une longueur de 270.767 mètres, ou 67 lieues. Elle en a un septième maintenant, celui de Paris à Saint-Germain; deux
nouveaux se construisent en ce moment: celui de Mülhouse à Thann, et celui de Strasbourg à Bale: et cinq autres grandes
lignes sont en projet, savoir: celle de Paris au Havre, de Paris à Lille, de Paris à Bordeaux, de Paris à Marseille, et de
Paris à Srasbourg. Il faut ajouter à celles-là une quantité de lignes d'embranchements dont quelques-unes sont déià en
construction. Ainsi, dans quelques années, on voyagera à peu près dans toutes les contrées sur les chemins de fer.
Air: Vive le galop!
REFRAIN
LES AGREMENS DES CHEMINS DE FER.
Vive le ch'min d'fer,
C'est un éclair,
Voyagez, fillettes gentilles:
Répétez gaiement en chemin:
C'est beau, c'est charmant, c'est divin!
Vous qui passez pour de jaloux maris,
Ah! si parfois vos femmes sont peu sages,
Ne leur cherchez pas trop de soucis,
Car lestement elles feraient le voyage.
Hier au soir j'entendais un époux
Qui murmurait d'une triste aventure,
Sa femme avait un tendre rendez-vous
Pour essayer les nouvelles voitures.
Une grisette, lasse de faire des traits,
De son amant évitant une danse,
Dit: Je vais fair'lestement ce trajet,
J'naime pas les coups, je prends vite l'avance.
Si la Belgique offrait ce beau chemin,
Les débiteurs s'écrieraient: Quelle aubaine!
Nous sommes pauvres, aujourd'hui, ce matin,
Mais dans un'heure notre affaire est certaine.
Ah! si Napoléon n'était pas mort,
l'our les guerris is quel chemin de victoire,
Les chemins d'ler seraient un heureux sort:
lls fraient ver nos braves à la gicire.
Quel contre-temps pour l'accéléré,
Il est bien triste ainsi que la gondole
Chacun se dit: c'est un tait avéré,
Le chemin de fer leur coupe la parole.
Imagerie PELLERIN à Épinal
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Imagerie PELLERIN - Épinal